L’ouragan Matthew qui a dévasté le grand sud et une partie du Nord-Ouest du pays n’a épargné personne. Les femmes n’ont pas été à l’abris des vent violent de l’ouragan. Selon les données présentées dans le cadre des évaluations sectorielles et les estimations en fonction des pourcentages de femmes, 1,029,000 des personnes affectées par Matthew sont des femmes parmi lesquelles 686,000 avec un besoin d’assistance immédiate ; 304,347 ménages sont affectés, desquels 121,739 ménages dirigés par des cheffes de famille monoparentale ; 86,150 cheffes de famille monoparentale ont leurs logements sérieusement endommagés et/ou détruits (41,560 détruits et 44,590 endommagés). Il est opportun d’entrainer les femmes dans les métiers de la construction, qui sont les meilleures sources d’emplois dans ce contexte de réhabilitation d’infrastructures et de restauration de maisons.
À côté des séquelles physiques qu’il a laissé, l’ouragan Matthew a décapitalisé les petites commerçantes en privant de nombreuses autre femmes d’un emploi. Dans le secteur de la pêche marine par exemple qui emploie directement 54, 000 familles sur les 1, 500 km de côte, ainsi que 12, 000 commerçant-e-s. De plus, le secteur emploie indirectement 7000 « madan sara », acheteuses-vendeuses sur les plages, quelque fois aussi des transformateur-es. Les femmes représentent respectivement 44 % de la main-d’œuvre familiale et 40 % des aides familiales, souvent mobilisées dans les grandes opérations (semis, récolte…) de la campagne agricole de référence.
L’ensemble des besoins au regard des dommages et pertes occasionnés par l’ouragan sur le secteur Genre s’élève à 77,394,004.00 USD dont 61,194,0004.00 USD pour le court terme, 9,900,000.00 USD pour le moyen terme et 6,300,000.00 USD pour le long terme. À ce titre, des mesures spécifiques visant à remédier aux inégalités des sexes exacerbées par l’impact de l’ouragan devraient constituer un élément clé de toute stratégie de relèvement.
Les consultations auprès des populations victimes font ressortir la nécessité, dans l’immédiat de soutenir la stabilisation des moyens de subsistance pour les communautés vulnérables grâce à des interventions d’urgence qui permettent d’injecter rapidement de l’argent dans l’économie locale et de mobiliser des activités qui profitent à des communautés entières. Pour le court terme, des activités d’urgence sont nécessaires pour l’enlèvement des débris et la gestion des infrastructures ainsi que la réhabilitation essentielle des infrastructures communautaires.
Dans le contexte actuel, la lutte pour la recapitalisation des femmes demeure l’une des grandes priorités de la politique nationale Egalité Femmes Hommes (EFH), notamment au sein des ménages tant urbains que ruraux, frappés par la catastrophe et vivant encore dans les Départements touchés. Toutefois, l’analyse de genre montre que les femmes font face à une plus grande proportion de dommages que de pertes, ce qui indique leur manque d’accès et de contrôle sur les ressources et les actifs productifs.
En outre, la discrimination et la violence à l’égard des femmes, leurs salaires inférieurs, leur surreprésentation dans le secteur informel et leur fardeau de travail élevé (qui comprend les responsabilités domestiques, en plus des activités rémunératrices et de la participation aux initiatives communautaires) contribuent tous à des disparités dans les pertes calculées entre les femmes et les hommes.
Les actions doivent être accompagnées de mesures spécifiques transversales visant à aborder les vulnérabilités spécifiques auxquelles font face les femmes et les filles-mères. Tant au niveau national que dans les Collectivité territoriales, l’ensemble des préoccupations des populations fortement marquées par ce sinistre font l’objet d’une gestion de collecte de données désagrégées dans le sens de l’équilibre de rapports sociaux de sexe auprès des secteurs.
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