Le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti a obligé la communauté internationale à se questionner sur les défis que pose une réponse humanitaire de cette envergure dans un pays fragilisé par les crises subséquentes. Les autorités haïtiennes ont rapidement été submergées par l'ampleur des besoins et la communauté internationale, avec le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) en tête de file, est venue prêter main-forte à ces dernières. Un mécanisme de coordination de la réponse, l'approche clusters, a par ailleurs été activé au lendemain de la catastrophe afin d'organiser la réponse d'urgence. En Haïti, dans ce pays qu'on a tôt fait de surnommer la « République des ONG », les risques de pérenniser la présence de la communauté internationale et, plus encore, que cette dernière se substitue aux pouvoirs politiques locaux sont bien réel. En ce sens, dans quelle mesure les espaces de coordination humanitaire mis en place par OCHA suite au séisme en Haïti renforcent-ils une gouvernance de l'humanitaire qui se substituent aux autorités haïtiennes en créant des espaces politiques difficiles à se réapproprier par ces acteurs-trices lors de la transition vers la reconstruction ? Ce mémoire tente de répondre à cette question en analysant le mécanisme de coordination mis en place en Haïti suite au séisme. Les dynamiques d'inclusion et d'exclusion seront d'abord mises en lumière afin de démontrer les obstacles à l'intégration des acteurs-trices locaux-les dans les mécanismes de la réforme et, plus encore, dans le réseau humanitaire international. Afin d'illustrer ces enjeux, ce mémoire compare la coordination du secteur de la santé puis celui de l'eau et de l'assainissement (WASH). Cette démonstration s'appuie sur la littérature théorique, notamment sur le concept de Network Power de Grewal, mais aussi sur de nombreuses entrevues menées avec des acteurs-trices locaux-les et internationaux-les impliqués-es dans la réponse humanitaire suite au séisme.
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