This dissertation explores Haitian feminism from a transnational perspective, examining the intergenerational memory of political violence perpetrated under the Haitian dictator Jean-Claude Duvalier (1971–1986) and the ways in which it shaped Haitian men and women’s experiences in the diaspora in Montreal from the 1960s to 1980s. Drawing on scholarship centring Duvalierism, the memory of political violence, and epistemologies of ignorance as they relate to migration, diaspora, and citizenship, this dissertation develops an analytical framework that centres memory and experience within the context of displacement and racial violence. Using a decolonial feminist ethnography and life stories of former political prisoners in Haiti, two generations of Haitian migrants in Montreal, and Haitian feminists based in Montreal, this research co-creates a repository of narratives – centring Haitian women’s experiences – that work to gender and trouble Duvalierist, Quebec, and Cold War historiographies. Drawing from these accounts as well as archival research, my findings shed light on the production and transmission of narratives on the dictatorship and what they reveal regarding gendered experiences of repression, migration, and transnational citizenship. The analysis unearths complex individual and collective memorial mechanisms that illuminate how Haitians experienced and remember political violence under Duvalier, and how those lived experiences have shaped resistance strategies to the regime in Haiti and to systemic racism in Montreal. These narratives and my research debunk the broadly adopted working hypothesis of political amnesia on the thirty-year-long dictatorship.
Cette thèse explore le féminisme haïtien d'un point de vue transnational, en examinant la mémoire intergénérationnelle de la violence politique perpétrée sous le dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier (1971-1986) et les façons dont elle a façonné les expériences des hommes et des femmes haïtiens dans la diaspora à Montréal entre les années 1960 et 1980. S'appuyant sur des études centrées sur le duvaliérisme, la mémoire de la violence politique et les épistémologies de l'ignorance en relation avec la migration, la diaspora et la citoyenneté, cette thèse développe un cadre analytique qui centre la mémoire et l'expérience dans le contexte du déplacement et de la violence raciale. En utilisant une ethnographie féministe décoloniale et des récits de vie d'anciens prisonniers politiques en Haïti, de deux générations de migrants haïtiens à Montréal et de féministes haïtiennes basées à Montréal, cette recherche co-crée un dépôt de récits - centrés sur les expériences des femmes haïtiennes - qui travaillent à sexuer et à troubler les historiographies duvaliéristes, québécoises et de la guerre froide. À partir de ces récits et de recherches d'archives, mes conclusions mettent en lumière la production et la transmission de récits sur la dictature et ce qu'ils révèlent sur les expériences de répression, de migration et de citoyenneté transnationale vécues par les hommes et les femmes. L'analyse met au jour des mécanismes mémoriels individuels et collectifs complexes qui éclairent la façon dont les Haïtiens ont vécu et se souviennent de la violence politique sous Duvalier, et comment ces expériences vécues ont façonné des stratégies de résistance au régime en Haïti et au racisme systémique à Montréal. Ces récits et mes travaux de recherche réfutent l'hypothèse de travail largement adoptée de l'amnésie politique sur les trente années de dictature. (Traduit par Mouka)