This article argues that commercial practices, social relations, and moral obligations in downtown Port-au-Prince shape and are shaped by the vernacular buildings in which they take place. Women living in, and working from, shotgun houses—a structure with a small street facade that allows for both private and commercial life—use these houses to build moral economies woven around familial solidarity and egalitarian relations. Working in houses that formerly belonged to Haitian black middle classes implies inheritance of respectability values based around home caretaking, religious life, and intimacy. In their economic inventiveness, women who do not have access to formal employment mobilize the power and politics of these houses in a distinctive mode of work and entrepreneurship. Houses and acts of commerce, together, form a particular kind of Haitian respectability for women that offers visibility, social networking, and risk adversity. These domestic spaces that open up new political, social, and economic horizons are threatened by top-down urban planning projects. Through the narration of the life history of Clomène Firmin, this article details female economic and moral practices and phases of urban planning that had for effect, since the devastating 2010 earthquake, to dismantle female economies in urban centers.
Cet article soutient que les pratiques commerciales, les relations sociales et les obligations morales dans le centre-ville de Port-au-Prince façonnent et sont façonnées par les bâtiments vernaculaires dans lesquels elles ont lieu. Les femmes qui vivent et travaillent dans des maisons de type « shotgun house » — une structure avec une petite façade sur la rue qui permet à la fois une vie privée et commerciale — utilisent ces maisons pour construire des économies morales tissées autour de la solidarité familiale et des relations égalitaires. Travailler dans des maisons qui appartenaient autrefois aux classes moyennes noires haïtiennes implique l'héritage de valeurs de respectabilité fondées sur l'entretien de la maison, la vie religieuse et l'intimité. Dans leur inventivité économique, les femmes qui n'ont pas accès à l'emploi formel mobilisent le pouvoir et la politique de ces maisons dans un mode de travail et d'entrepreneuriat distinctif. Les maisons et les actes de commerce, ensemble, forment un type particulier de respectabilité haïtienne pour les femmes qui offre la visibilité, le réseautage social et la tolérance au risque. Ces espaces domestiques qui ouvrent de nouveaux horizons politiques, sociaux et économiques sont menacés par des projets d'urbanisme descendants. À travers la narration de l'histoire de vie de Clomène Firmin, cet article détaille les pratiques économiques et morales féminines et les phases de planification urbaine qui ont eu pour effet, depuis le séisme dévastateur de 2010, de démanteler les économies féminines dans les centres urbains. (Traduit par Mouka)