Ce projet de recherche en développement international est ancré dans une perspective féministe postcoloniale. Celui-ci vise à reconnaître et approfondir la multiplicité et les complexités du pouvoir, dans un but d’empowerment, auprès des femmes de Lhomond, une communauét rurale en Haïti. Cette étude a documenté les discours de femmes (n=10) à propos de l’actualisation de leur propre empowermentau quotidien. Le cadre conceptuel choisi relatif à l’empowerment décline le pouvoir en quatre types : le « pouvoir intérieur », le « pouvoir de », le « pouvoir avec » et le « pouvoir sur » (Charlier, 2006b, 2006a; Oxaal et Baden, 1997; Rowlands, 1997). La collecte de données s’est déroulée sur une période de trois mois. La méthodologie utilisée a mis en place des entrevues (individuelles et de groupe) ainsi qu’une observation participante. Les résultats ont mis en lumière les descriptions des femmes de plusieurs situations de leur vie quotidienne au sein desquelles se manifestaient ces quatre types de pouvoir. De plus, les participantes ont fait part de nombreuses interactions ayant lieu entre différents types de pouvoir. Ces résultats ont reconfirmé des recherches antérieures sur les différents types de pouvoir et leur lien avec le processus d’empowerment. Par exemple, un « pouvoir de » limité (dépendance financière, analphabétisme, accès difficile à l’emploi, etc.) tend à freiner le processus d’empowerment, alors qu’un « pouvoir avec » renforcé (solidarité, partage, action collective, etc.) tend à favoriser le processus d’empowerment malgré la faiblesse d’autres types de pouvoir. À partir des résultats obtenus, cette étude amène quelques nuances ainsi qu’une complexité additionnelle au cadre conceptuel adopté au départ et met en lumière d’autres aspects du pouvoir à considérer dans de futures recherches portant sur l’empowerment des femmes.
Tous droits réservés. Republié avec l'autorisation du·de la détenteur·rice du droit d'auteur, Catherine Cyr Wright.