Marie Vieux-Chauvet n’aura eu de cesse de dénoncer les injustices ou les malédictions qui ont frappé Haïti. Après avoir stigmatisé le colonialisme (La Danse sur le volcan), le régime dictatorial de Duvalier (Amour, Colère et Folie) et les inégalités sociales (Fille d’Haïti), elle s’attaque ici à une plaie qui a défigurée Haïti. Le houngan (prêtre vaudou) de Fonds des Nègres, fustige les villageois pour avoir tellement déboisé (dans le but de construire leurs cabanes ou de faire du charbon de bois) que les eaux de ruissellement ont entraîné toute la terre arable et que plus rien ne pousse.
Arrive alors de la capitale Marie-Ange, qui vient se réfugier chez sa grand-mère après la mort de sa mère. Le changement de vie est rude, mais peu à peu, grâce à papa, le surnom du houngan, elle trouve ses marques dans le village. Jusqu’à la rencontre du fils Facius, mal aimé pour avoir su, lui, conserver des plantations et donc une terre qui produit en abondance. Une idylle prend naissance entre les deux jeunes gens.
Mais voilà que la gendarmerie – commanditée par de grands propriétaires qui ont les moyens financiers et les machines pour remettre la terre en état – tente d’expulser les villageois sous prétexte qu’ils ne peuvent présenter de titres de propriété. Convaincus que ces miséreux démunis partiraient sans faire d’histoires.
C’était sans compter avec Marie-Ange, Facius et le houngan qui vont s’unir pour exhorter les paysans à sortir de leur passivité et à résister. Gendarmes et grands propriétaires ne s’y attendaient pas, et après quelques heurts, renoncent.
« Mais le combat n’est pas fini, déclare papa. En faisant bloc, nous avons réussi à rester chez nous, continuons à unir nos forces, à accepter de partager nos efforts, mais aussi nos gains, et cette terre aujourd’hui desséchée redeviendra nourricière... ».