Cet acte du colloque « Femmes et esclavages », organisé par le comité bicentenaire de l’abolition de l’esclavage en novembre 2001, s’intéresse à la manière dont les femmes esclaves vivaient l'esclavage différemment des hommes et aux iniquités entre les hommes et les femmes après l’abolition de l’esclavage. En effet, si l’abolition de l’esclavage a été voulue par les esclaves, elle n’a pas eu les mêmes conséquences pour les deux sexes. D’abord, l’auteure explique que les femmes esclaves avaient une expérience différente de celle des hommes, notamment en raison des différentes politiques reproductives qui leur étaient imposées, de la division sexuelle du travail domestique dans les familles d’esclaves et de l’oppression sexuelle des hommes blancs. Bien que certaines femmes aient acceptées d’avoir des relations et des rapports sexuels dans l’espoir d’améliorer leur statut social et leurs conditions de vie, l’auteure rappelle qu’il est difficile de parler de consentement dans un contexte où elles n’avaient pas la possibilité de refuser. Finalement, la main mise masculine sur les outils les plus qualifiés et sur les armes sera la principale cause du maintien de la domination masculine après l’abolition de l’esclavage. En effet, les hommes étaient généralement plus nombreux à être qualifiés, ce qui leur conférait parfois de meilleures conditions de vie et un meilleur statut social. La différence de qualification explique pourquoi les femmes se voyaient proposer des salaires inférieurs à ceux des hommes après l’abolition, malgré les protestations des femmes de Saint-Domingue qui réclamaient l’égalité des salaires, liant ainsi les luttes contre l’esclavage et contre la domination masculine. L’auteure termine en rappelant que les femmes esclaves ont contribué à la résistance autant qu’elles le pouvaient par le marronnage et la révolte, mais aussi par des actions individuelles qui, bien que moins étudiées, se sont révélées efficaces. Les femmes étaient plus nombreuses à s’engager dans des confrontations verbales ou physiques avec les Blancs et ont aussi utilisé la résistance à la maternité comme signe de refus de l’esclavage. (Résumé par Mouka)