Ce travail dirigé s’intéresse aux féminicides politiques des femmes politiques et militantes de gauche qui se positionnent sur des enjeux de société. Ces positionnements concernent, entre autres, les minorités visibles, leurs engagements sur des sujets tels que la corruption ou encore les droits des femmes dans leur pays d’origine. Ce travail s’inscrit aussi dans une démarche inductive basée sur les expériences et trajectoires politiques des femmes et militantes de gauche assassinées.
Nous avons voulu faire la décantation entre un assassinat politique et un féminicide politique afin de faire ressortir l’idée que les assassinats genrés des femmes politiques de gauche ne devraient pas seulement être qualifiés d’assassinats politiques, mais qu’il faudrait aussi prendre en compte le continuum de violence présent dans la société qui prédispose les femmes à subir de la violence de genre dans toutes les sphères de leur vie.
S’agissant des féminicides politiques des femmes et militantes de gauche, nous avons mis en avant la perception de la société sur les femmes en politique et le fait qu’elles soient considérées comme des déviantes, particulièrement celles qui arborent un discours qui s'oppose aux élus.es ou millitants.es de droite. Ensuite, nous avons souligné la présence des violences sexistes dans le paysage politique de ces femmes et dans les cyberespaces qui intensifient les menaces, les appels au viol ou les injures sexistes qui tendent à les attaquer dans leur féminité. Enfin, par la dégradation de leur cadavre, nous avons relevé le fait que l’assassinat de ces femmes serait souvent accompagné d’un message visant à faire taire et effacer tout ce qu’elles avaient représenté.
Ainsi, le fait pour ces femmes de devoir composer avec ces violences de genre dans leur espace de pouvoir nous a amenées à interroger les constructions sociales de la société qui a normalisé ces violences, en faisant en sorte que les femmes y soient de plus en plus exposées. Considérant que les féminicides sont les meurtres de femmes parce qu’elles sont des femmes et parce que les raisons de ces meurtres trouvent leurs fondements dans les structures de la société elle-même, nous avons alors convenu que le caractère genré des meurtres politiques des femmes de gauche étant souvent invisibilisé, il serait pertinent de reconnaitre cette forme spécifique de féminicide qui ne touche que les femmes politiques et militantes de gauche.