Ce mémoire analyse la représentation, l’expression et la revendication des attaches identitaires ethniques et érotiques de lesbiennes d’origine haïtienne. Basée sur des entrevues semi-dirigées ainsi que sur les données d’une phase d’observation participante, cette recherche met en lumière comment la possession d’attaches socialement minorisées et stigmatisées n’empêche pas la construction d’une identité personnelle positive. La première partie du mémoire (Chapitres 1 à 4) est consacrée à une mise en situation théorique et pratique de la recherche. Les Chapitres suivants analysent les processus d’identification ethnique et érotique des participantes. Les lesbiennes haïtiennes interviewées dans le cadre de ce mémoire revendiquent une identité multi-dimensionnelle qui intègre de façon positive les différentes facettes de leurs expériences en tant que lesbienne, haïtienne ou femme. C’est dans la complémentarité de ces attributs identitaires et des possibilités d’appartenances qu’ils sous-tendent, que les répondantes parviennent à se définir et pas seulement grâce à l’une ou à l’autre de ces attaches. La majorité des participantes jonglent avec ces affiliations identitaires sans ressentir le besoin ou l’envie de s’investir dans l’une ou l’autre de façon prioritaire et/ou formelle (à travers une implication communautaire, par exemple.). Ainsi, plutôt que de sous-tendre un «sentiment
d’appartenance» permanent, les attributs dont elles disposent leur permettent des identifications ponctuelles et variées. En revendiquant la fluidité de leur identité et la possibilité de s’identifier contextuellement, les participantes indiquent leur refus de se définir en fonction des groupes ou des catégories auxquels on les assigne. Ce désir de distinction individuelle se manifeste non seulement visà-vis de la société majoritaire, mais également à l’égard des communautés ou catégories auxquelles elles pourraient revendiquer une appartenance (Haïtiennes, lesbiennes, immigrants, homosexuels, etc.).
This master’s thesis analyzes Haitian lesbian montrealer’s representation, expression and assertion of their ethnie and erotic affiliations. Based on a series of serni-directed interviews and participant observation. this research highlights how the possession of two stigmatised and minoritized affiliations doesn’t prevent the construction of a positive personal identity. The first part of the thesis (Chapters 1 to 4) is devoted to a theoretical and practical contextualisation of the research. The following Chapters consist of an analysis of the ethnic and erotic identifiying processes experienced by the participants of this study. The Haitian lesbians interviewed for this thesis are clairning a multi-dimensional identity which integrates in a positive manner the different facets of their experience as lesbian, Haïtian and women. It’s in the complementing of these attributes as well as in the sense of belonging that they permit, that these women define and construet themselves. The majority of the participants juggle with their different possible identifications without feeling the need or the desire to prioritize one over the other, nor to invest themselves in any in a formai manner (ex. community participation). Therefore, instead of offering a feeling of belonging, erotjc aix! ethnie ties permit various selective and contextualized identifications. By claiming their identity’s fluidity and the possibility of identification according to the changing contexts, the participants indicate their refusa! to define thernselves solely in tenns of the groups or categories to which they are socially assigned. This desire to distinguish themselves exists flot only towards the Majority society (White, heterosexual). but also towards minorised groups or communities to which they could daim partnership (Haitians, lesbians, immigrants, Blacks, gays, etc.).