En utilisant le viol des femmes comme arme politique, le coup d’État militaire de septembre 1991 a porté à l’avant-scène la question de la violence spécifique exercée contre les femmes. La société haïtienne a dû alors non seulement affronter une répression systématiquement organisée ciblant particulièrement des populations marginalisées, coupables d’avoir voulu se poser en tant qu’actrices sociales et interlocutrices politiques — mais, également, faire face à l’horreur des viols collectifs. Dans l’histoire nationale la violence a certes, plus souvent qu’autrement, caractérisé les rapports politiques. L’utilisation systématique du viol, comme forme élaborée de la répression a, par contre, constitué une nouvelle donne. Si le phénomène a été au cœur des dénonciations et de la résistance au coup d’État, il n’a généralement pas été appréhendé en dehors de ce cadre. En ne considérant que le contexte particulier dans lequel cette violence contre les femmes a été exercée, le caractère permanent du phénomène dans la société haïtienne et, surtout, le fait qu’il contribue au maintien de l’état de subordination des femmes a été, à bien des égards, occulté.
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