Ce projet aborde la dimension institutionnelle du choix en contraception et questionne la présence et la prévalence, en Haïti, de deux contraceptifs hormonaux longue durée réversibles (LARC) : les injections de Depo-Provera et les implants sous-cutanés. L’approche théorique adoptée est celle de l’anthropologie critique de l’humanitaire et fait usage du concept de dispositif mis de l'avant par Michel Foucault (1975-76) afin d’analyser les différents éléments qui s’articulent au sein du dispositif de santé mondiale tel qu’il se déploie en Haïti. Une analyse de la documentation disponible a permis d’identifier trois paradigmes explicatifs pour les contraceptifs LARC en Haïti : les discours biomédicaux, la structure administrative et le modèle de financement du dispositif de contraception mondiale. L’analyse des discours biomédicaux permet d’entrevoir les différents consensus entourant l’usage des contraceptifs LARC dans les pays en développement, tout en révélant l’impact de l’OMS en tant qu’instance normative dans le contexte des différentes controverses entourant les effets secondaires associés aux technologies contraceptives à progestérone et à longue durée. La structure administrative qui encadre la livraison des contraceptifs aux femmes vivant en Haïti permet de comprendre que les contraceptifs LARC vont de pair avec une approche démédicalisée de la contraception. Enfin le modèle de financement des programmes permet de saisir l’impact des dons en contraceptifs sur l’approvisionnement des programmes de contraception en Haïti, ainsi que la prédominance des organisations philanthropes sur l’orientation biomédicale des programmes de santé mondiale. En discussion le mémoire présente des réflexions anthropologiques critiques et questionne l'adéquation des contraceptifs LARC en Haïti, en raison des impacts de ces médicaments sur la santé, des préoccupations des Haïtiens et de la nécessité de remettre en cause le modèle biomédical en planification familiale.
This project addresses the institutional dimension of contraceptive choice and questions the presence and prevalence in Haiti of two long-acting reversible hormonal contraceptives (LARCs): Depo-Provera injections and subcutaneous implants. The theoretical approach adopted is that of critical humanitarian anthropology and makes use of the concept of ""dispositif"" in French (translated in ""apparatus"" by Dreyfus Rabinow in 1984) put forward by Michel Foucault (1975-76) in order to analyze the different elements that are articulated within the Global health system as it unfolds in Haiti. An analysis of the available literature identified three explanatory paradigms for LARC contraceptives in Haiti : biomedical discourse, administrative structure and funding model of the global contraceptive system. The analysis of biomedical discourse provides insight into the different consensuses surrounding the use of LARC contraceptives in developing countries, while revealing the impact of WHO as a normative body in the context of the various controversies surrounding side effects associated with progesterone and long-term contraceptive technologies. The administrative structure that governs the delivery of contraceptives to women living in Haiti makes it possible to understand that LARC contraceptives go hand in hand with a demedicalized approach to contraception. Finally, the program funding model captures the impact of contraceptive donations on the supply of contraceptive programs in Haiti, as well as the predominance of philanthropic organizations on the biomedical orientation of global health programs. In discussion, the paper presents critical anthropological reflections and questions the adequacy of LARC contraceptives in Haiti because of the health impacts of these drugs, the concerns of Haitians and the need to challenge the biomedical model in family planning.
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